Quelques mots sur Denis Desbuards

Article paru dans MASSIF CENTRAL MAGAZINE :

On l’entend de la place du foirail entonner ses airs préférés d’un sifflement aigu. Il est heureux, Denis Desbuards, gai comme un pinson. De sa buche, il va faire un pied de lampe. S’accorde dix minutes pour discuter avec deux clients. Ira prendre un jus au café d’en face, avant de se remettre au boulot. Diplômé d’architecture dans la capitale, il a pris son baluchon pou la Corrèze il y a dix-sept ans, saisi d’un soudain ras-le-bol de la vie parisienne. Et en 1999, il a créé son atelier de tourneur sur bois à Turenne, qu’il ouvre aux visiteurs. Ici, les pieds dans les copeaux, il raconte son métier, ses techniques, son savoir-faire. Ça débute chez le paysan du coin, où il repère une essence intéressante. Il négocie, achète l’arbre, l’abat lui-même. Avec parfois des surprises : arbre creux, arbre mort… Il travaille tout : frêne, poirier, noisetier, if, acacia, noyer, peuplier… Bois dur, bois tendre, tourne, creuse, élime ; il taille, ponce, vernit… Pour des plats, des assiettes, des porte-clefs, des cuillers, des colonnes… Il est heureux Denis parce qu’il n’a pas de patron, qu’il travaille pour lui, même s’il ne compte pas ses heures. Il est gai parce qu’il est artisan et qu’il aime ça. Artisan d’art ? Il juge la terminologie prétentieuse. « Ce n’est pas parce qu’on a une démarche créative qu’on est un artiste ». Il ne s’attache pas aux objets qui sortent de ses mains expertes. Sauf pour cette lampe qu’il a taillé la semaine dernière, « dans un morceau de buis exceptionnel ». « Celle-là, avoue-t-il, je l’ai gardée, mais c’est rare ». On prend congés. Denis retourne à sa buche. Et à ses chansons.

Au tour du bois, Denis Desbuards, place du foirail 19500 Turenne.

Atelier ouvert de Pâques à Toussaint.